Réserve de La Truchère-Ratenelle : des dunes au cœur de la Bresse

Pouvez-vous nous présenter la Réserve Naturelle Nationale (RNN) de La Truchère-Ratenelle ?

Située aux confins de la Saône-et-Loire et de l’Ain, près de la confluence de la Saône et de la Seille, elle couvre une superficie de 94 hectares. Elle comprend des dunes continentales, un habitat très rare en France abritant une faune et une flore exceptionnelles. De nombreuses abeilles solitaires sont notamment dépendantes du sable nu pour leur cycle de reproduction. Le Corynéphore blanchâtre, une graminée menacée en Bourgogne, y joue un rôle structurant pour les dunes. Dans les années 1970, scientifiques et universitaires se sont opposés à un projet de lotissement. Leur combat a permis son annulation et le classement en réserve en 1980. Il y est désormais entre autres interdit d’y bâtir et d’y prélever du sable. La RNN est aussi composée d’une tourbière, d’un étang marécageux et de forêts riches en biodiversité. La Droséra à feuilles rondes (une plante carnivore), des oiseaux comme le Héron pourpré et le Busard des roseaux, la Leucorrhine à gros thorax (une libellule), ou encore le Lamie tisserand (un gros insecte coléoptère), comptent parmi les espèces peu communes.

Quelles actions y sont menées pour la biodiversité ?

Depuis 1990, le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne assure la gestion de la RNN. Il a par exemple entrepris d’importants travaux de débroussaillage et coupe d’arbres sur les dunes, qui étaient menacées de fermeture.

Les 6 hectares de milieux dunaires ainsi retrouvés sont entretenus par du pâturage. Le plan de gestion de la RNN se décline au total en une centaine d’actions. Parmi elles, des suivis flore et faune participent à l’évaluation des opérations de gestion. La RNN se veut un laboratoire à ciel ouvert pour l’amélioration des connaissances sur la biodiversité. On y pratique par exemple le protocole Syrph the Net, qui consiste à inventorier les syrphes* pour en déduire la fonctionnalité des habitats, les larves de ces insectes étant de bons indicateurs du fait de leurs exigences écologiques. Des chercheurs viennent aussi conduire des prospections poussées, comme dernièrement sur les bivalves* d’eau douce, des mollusques encore très méconnus en région.

Qu’est-ce qui fait de la RNN un territoire pédagogique ?

Ce sont d’abord ses sentiers de découverte, qui permettent à chacun de la parcourir librement. Le sentier des dunes a récemment été rééquipé de panneaux pédagogiques, dont certains interactifs. Le sentier de l’étang Fouget est en cours de réhabilitation grâce à une démarche collaborative entre tous les usagers et les communes. Un cycle complet d’animations à destination du grand public et des scolaires est par ailleurs proposé. Les écoles et locaux sont ainsi familiarisés avec la RNN et sa biodiversité.