Minuscules insectes qui se recroquevillent en billes aussitôt effrayés, les Histéridés représentent une richesse méconnue du monde animal pourtant tout proche, dans nos campagnes.
Les Coléoptères sont des insectes qui possèdent deux paires d’ailes dont la paire antérieure est endurcie et ne sert pas au vol, mais de protection. On appelle ces ailes coriaces des élytres. Parmi les Coléoptères, la famille des Histéridés a la particularité d’avoir des élytres raccourcis laissant apparaître l’extrémité de l’abdomen. Autre caractéristique : en cas de danger, les Histéridés replient leurs pattes et leurs antennes dans des sillons sous leur corps et simulent la mort en se recroquevillant en de petites boules semblables pour certains aux plombs de pêche à la ligne. Leurs pattes antérieures, souvent aplaties, leur permet de fouiller le substrat. Sous nos latitudes, les Histéridés mesurent de 0,7 à 15 mm et sont pour la plupart noirs, parfois avec des taches rouges. Ils peuvent avoir de très beaux reflets métalliques. Ce sont des prédateurs de larves d’insectes coprophages* et nécrophages* : on dit qu’ils sont coprophiles et nécrophiles, car on les trouve sur les excrémenset les cadavres, mais ils ne s’en nourrissent pas. Ils fréquentent aussi le bois mort, et plus anecdotiquement les fourmilières et les nids d’oiseaux ou de mammifères comme les taupes.
Nous l’ignorons, car c’est une famille très peu étudiée. 153 espèces sont connues en France et seules 30 000 données d’observations sont répertoriées à l’échelle nationale.
À titre de comparaison, les papillons de jour comptent un nombre équivalent d’espèces (162), mais ont donné lieu à plus de 200 000 données pour la seule Bourgogne-Franche-Comté. Cela s’explique en partie par l’effort nécessaire à la détermination des Histéridés. Hormis quelques exceptions, ils ne peuvent s’identifier sur le terrain. C’est avec une loupe binoculaire qu’on décèle les critères déterminants : stries et autres ponctuations. Une dissection est parfois aussi nécessaire. Sur la région, jusqu’à 31 espèces ont été recensées sur des communes où séjournaient des « histéridologues ». Moins de 250 communes comptent quelques données et moins d’une trentaine ont été sérieusement prospectées.
Une spatule est utile pour fouiller les excréments ou soulever les cadavres pour trouver les individus. Les plus grosses espèces se prélèvent avec une pince. Pour les autres, on prend un peu de substrat que l’on tamise une première fois avant de le placer au-dessus d’un tamis. Avec le temps ou en dirigeant une lampe dessus, les Histéridés vont fuir la chaleur et tomber dans le récipient que l’on aura placé dessous. Il est alors possible de recueillir les petites billes pour les identifier.
Dans une bouse de vache, on découvrira des espèces différentes selon le degré de maturité. Sur une bouse fraîche, on trouvera régulièrement Hister unicolor, entièrement noir brillant. Sous une bouse plus sèche, on délogera Chaetabraeus globulus, une minuscule bille d’1 mm. Il faut attendre que l’insecte dérangé reprenne confiance pour qu’il se remette en mouvement et soit alors discernable. Sous les écorces de peupliers, Hololepta plana est l’une des rares espèces immédiatement reconnaissables, avec sa forme rectangulaire aplatie. Avec de la motivation et un ouvrage de référence, il n’est pas si compliqué de se lancer dans la détermination des Histéridés et participer ainsi à combler le manque de données !
Dans le n° 31 de la revue Bourgogne-Franche-Comté Nature, faites mieux connaissance avec les Histéridés et l’état de la connaissance sur cette famille sur la région.
Coprophage : qui se nourrit d’excréments.
Nécrophage : qui se nourrit de cadavres.