Les espèces exotiques et les espèces envahissantes

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Les espèces exotiques et les espèces envahissantes

L’existence de nombreuses espèces exotiques en un lieu donné devient une préoccupation. Les moyens d’intervention doivent être bien réfléchis.

Une espèce exotique est-elle toujours envahissante ?

L’espèce humaine est probablement la seule qui ait réussi à habiter presque toutes les terres émergées de la planète et cela en assez peu de temps tout compte fait. Cette saga, telle que rapportée par Jean Chaline par exemple, est tout à fait unique et étonnante. Probablement dès avant le néolithique et le début de la domestication de certaines plantes et de certains animaux, ces humains anciens voyageaient accompagnés de diverses espèces. Il y a bien longtemps que l’espèce humaine modifie les paysages qu’elle occupe. Actuellement, la prise de conscience de l’existence de nombreuses espèces exotiques en un lieu donné devient une préoccupation pour certains responsables de l’environnement. Les espèces exotiques, celles qui viennent d’ailleurs, sont régulièrement qualifiées d’envahissantes, ce qui pose quelques questions de définition et d’interprétation. Le meilleur modèle d’espèce envahissante à l’échelle planétaire est l’espèce humaine, suivie de nombreuses espèces domestiques. Or cet acquis ne semble pas remis en cause.

Quelles sont les causes des "envahissements" ?

Quand on réalise que les déplacements d’espèces sont toujours anthropiques, on doit admettre que la cause des éventuelles conséquences négatives liées à ces nouvelles espèces est à rechercher d’abord du côté du commerce. Cela n’est pas toujours facile face à des incitations économiques du domaine des loisirs, comme dans le cas des animaux de compagnie exotiques ou de certaines espèces chassées. Ensuite, les espèces introduites ne font que vivre leur vie là où elles ont été déplacées. Rechercher les raisons de ces déplacements et essayer de les maîtriser devraient permettre d’éviter les risques d’ « envahissement », parfois plus théoriques que réels. Les échelles de temps sont parfois trop courtes pour apprécier les tendances sur le long terme.

Pouvez-vous présenter quelques espèces envahissantes problématiques en France ?

L’écureuil à ventre rouge découvert au début des années 1970 sur le cap d’Antibes (Alpes-Maritimes), menace maintenant d’envahir le reste du territoire. Originaire d’Asie du sud-est, il pourrait concurrencer sérieusement l’écureuil roux indigène. Le petit groupe de mouflons à manchettes nord-africains, récemment découvert sur le massif de la Montagne Sainte-Victoire (Bouches-du-Rhône), s’est échappé d’un enclos de chasse proche. Que se passerait-il s’ils venaient à remonter vers les Alpes où vivent bouquetins et chamois ? Dans tous les cas, les moyens d’intervention doivent être bien réfléchis pour ne pas causer plus de mal que ces nouveaux venus.

Le mot de l’expert, François Moutou, Membre de la Société française pour l’étude et la protection des Mammifères
Le remède est-il pire que le mal ? Exemple avec le Vison d’Europe et le Vison d’Amérique


Le vison d’Europe est un petit carnivore amphibie peu connu, encore présent dans le sud-ouest de la France mais au bord de l’extinction. Une des raisons est la concurrence avec le vison d’Amérique, introduit dans des fermes pour la fourrure, échappé de ces élevages ou libéré par des activistes de la cause animale. En conséquence le vison d’Amérique figure sur la liste des espèces « susceptibles d’être classées nuisibles » et fait l’objet de campagnes de piégeage. Or les deux espèces se ressemblent, les piégeurs ne sont pas toujours assez formés et des individus deux espèces sont éliminés lors de ces campagnes. Donc piéger des visons d’Amérique pour protéger le vison d’Europe contribue à éliminer ce dernier.