Qu’est-ce qui vous semble fascinant chez les champignons?
C’est avant tout leur diversité de formes, de couleurs et d’odeurs. Je suis né à la campagne: aller à la cueillette aux champignons a toujours été une activité familiale. Peu à peu, j’ai eu envie d’en savoir plus et d’être capable de mettre des noms sur les espèces rencontrées, y compris sur celles qui n’étaient pas comestibles. Par curiosité scientifique, je me suis ainsi pris de passion pour les champignons en fréquentant la Société Mycologique Issoise, jusqu’à m’intéresser plus particulièrement à des microchampignons saprophytes*, qui n’ont visuellement plus rien à voir avec ceux qui m’ont attiré initialement!
La Bourgogne-Franche-Comté est un beau terrain mycologique*, car elle se situe au carrefour de plusieurs influences climatiques et géologiques et possède une écologie variée avec des plateaux calcaires ou granitiques, des forêts de plaines ou de montagnes… La région abrite plus de 5000 espèces de champignons différents et tous ne sont pas encore connus.
Comment mieux connaître les champignons?
Pour apprendre à déterminer un champignon, il faut savoir le récolter et l’observer, puis le décrire et utiliser des clés de déterminations présentes dans les ouvrages de référence. Il faut parfois sentir le champignon (un nombre inimaginable d’odeurs existe), le gratter, employer des réactifs chimiques... et avoir recours au microscope comme dans le cas des plus petites espèces mesurant un cm, un mm ou encore moins. Le mieux à faire est de contacter une société mycologique. Cours en salle, séances d’observations au microscope, sorties de terrain sont ouverts à tous les niveaux.
Découvre-t-on encore de nouvelles espèces sur la région?
Ce n’est pas rare. Fin 2017, par exemple, une dame a sollicité la Société Mycologique de Côte-d’Or après avoir trouvé un champignon dont elle cherchait le nom. L’espèce, la Battarée phalloïde (Battarrae phalloides), était inconnue en Bourgogne. Il s’agit d’un champignon exotique brun dont le pied peut atteindre 40cm, provenant principalement de la région méditerranéenne. Sans doute arrivé accidentellement dans du terreau, il croissait dans le parterre intérieur d’une résidence dijonnaise où il avait rencontré des conditions favorables. Le changement climatique va peut-être changer la donne à l’avenir.
En attendant, pousser les inventaires permet de faire de très belles découvertes, plus petites mais aussi plus rares, et il arrive encore de nos jours de découvrir de nouvelles espèces pour la Science, ce qui a été le cas plusieurs fois localement.
Alain GARDIENNET, Président de la Société mycologique Issoise, membre de la Société des sciences naturelles de Bourgogne
Quel est l’état des connaissances sur les champignons?
Les champignons sont malheureusement un groupe taxonomique sous-étudié, dont la protection n’est pas prise en compte. Pour amener à la création de Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF*) par exemple, on met en avant la faune ou la flore, mais jamais des champignons. Les sociétés mycologiques militent pour que cela change. Elles mènent un important travail de prospection pour mieux connaître les espèces qui nous entourent.
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