Ce beau papillon, au vol lent et sautillant, vit et se reproduit dans les tourbières.
Les femelles de fadet des tourbières pondent environ 40 œufs au cours de leur vie, qu’elles disposeront un par un sur des secteurs bien choisis parmi les plantes les plus basses au sein de la végétation. Isolés les uns des autres, les œufs vont alors éclore et donner naissance à des chenilles qui se développeront dans cette végétation, se nourrissant des plantes et s’y réfugiant lors d’éventuelles périodes d’inondation saisonnières.
L’hiver venu, la chenille entrera en hibernation et ne reprendra sa croissance qu’au printemps suivant pour se transformer en chrysalide.
L’adulte en sortira 2 à 3 semaines plus tard et ne vivra que quelques semaines.
En France, ce fadet se cantonne sur les zones de tourbières du quart nord-est de la France. Au bord de l’extinction dans le nord, il a disparu de nombreux départements. On le considère comme disparu en Alsace et sur liste rouge en Champagne-Ardenne. En Bourgogne-Franche-Comté, on le trouvait dans les Vosges comtoises (70) jusqu’au début des années 2000. Il est actuellement présent sur les seconds plateaux du Doubs et du Jura et dans la vallée du Drugeon (25) !
Le fadet des tourbières est principalement menace? par la dégradation de son milieu naturel : drainage des tourbières, intensification de l’agriculture (mécanisation, enrichissement des sols), plantation de résineux (qui constituent des barrières naturelles aux échanges d’individus entre populations) ou encore fauche trop fréquente...
Le piétinement par le bétail jouerait également un rôle déterminant dans la dégradation progressive des milieux. La fragmentation des milieux et l’absence de ce que l’on nomme des corridors écologiques menacent également l’espèce en limitant les échanges d’individus et de gènes entre les différentes populations…
Plusieurs études ont déjà été engagées pour améliorer la connaissance du fadet des tourbières et suivre l’évolution de ses populations. Une étude génétique est également en cours pour mieux comprendre les déplacements de cette espèce au sein du massif jurassien. Plusieurs structures comme le Parc naturel régional du Haut-Jura et du Doubs Horloger, le CEN Franche-Comté et l’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue travaillent à la préservation de cette espèce. En complément de ces actions, le Conservatoire botanique national de Franche-Comté – Observatoire régional des Invertébrés initie en 2021 un projet visant à former et accompagner les acteurs locaux (exploitants agricoles, gestionnaires d’espace naturel, propriétaires privés, élus locaux…) pour une meilleure prise en compte de l’espèce dans les pratiques de gestion.
Ce projet porté par le CBNFC-ORI a reçu le soutien de la Fondation « ENSEMBLE ».
Plus d’infos sur le site : www.cbnfc-ori.org