Bactéries, champignons et vers de terre font partie des richesses du sol, mais tout un peuple coloré accompagne ces organismes dans la confection de ce qui fait notre terre.
Pendant de nombreuses décennies, le sol n’a été considéré qu’à travers une approche physicochimique. C’est seulement à partir des années 1990 que la dimension vivante du sol est devenue un sujet scientifique à part entière. Le sol est dynamique : la pédogénèse, c’est-à-dire la fabrication du sol, n’est possible qu’en présence de sa biodiversité. Dans des conditions normales, elle est de l’ordre d’1 à 2 mm par an, mais peut atteindre 1 cm en conditions optimales. On peut l’observer indirectement avec des pas japonais : au fil du temps, les pierres paraissent s’enfoncer. En réalité, c’est la quantité de sol qui augmente. C’est ce que remarquait Darwin dans son traité sur les vers de terre : plus les ruines sont anciennes, plus elles se situent en profondeur. Un sol vivant, c’est aussi un sol qui absorbe mieux l’eau, où la végétation croît davantage et où elle est moins malade. Lorsqu’un sol est vidé de ses habitants, en revanche, il ne demeure plus qu’un substrat infertile qui ne se reconstitue plus.
Elle est élégante, très colorée, de formes et de tailles variées. En surface, la faune dite épigée broie la matière organique fraîche.
Elle est constituée de mille-pattes, de collemboles, d’acariens… Ces animaux sont des arthropodes*, mais pas des insectes. La faune endogée est située en profondeur et compte d’autres types d’acariens, des diploures… Chaque année, une partie des racines des végétaux meurent. La faune endogée consomme cette matière, ce qui nettoie les tunnels créés par les racines. Ainsi, de nouvelles racines peuvent réinvestir ces tunnels, riches en oxygène et en fertilisants. Enfin, la faune anécique correspond aux vers de terre. Ils se nourrissent de la matière organique en surface, mais ingèrent de la terre afin d’entretenir leurs terriers verticaux. Ils brassent ainsi l’équivalent de leur poids de sol chaque jour, ce qui est colossal quand on sait qu’un sol de prairie en bonne santé en contient 2 à 3 tonnes par hectare.
Plus un sol a une faune diversifiée, plus il fonctionne de manière optimale. On estime qu’un sol sain compte environ 260 millions d’individus par mètre carré d’espèces de toutes sortes. Il est essentiel de préserver cette biodiversité du sol pour le maintenir en vie. Même la faune endogée peut être impactée par nos pratiques. Ainsi, en agriculture, il a été démontré que certaines formes de labours tassent la terre et rendent hermétiques les couches du sol entre elles. Les racines ne peuvent plus s’étendre en profondeur et la faune endogée disparaît.
Pour respecter le sol et en tirer le meilleur parti, que ce soit en agriculture ou dans des espaces paysagers urbains par exemple, il est utile d’analyser au préalable ses paramètres physiques, chimiques et biologiques pour identifier ses forces et ses faiblesses. Il est ensuite possible de s’inspirer d’écosystèmes semblables dans la nature pour trouver des solutions favorables à la biodiversité. Certaines communes s’engagent pour réduire l’utilisation de produits chimiques et l’arrosage sur leurs terrains de sport. Les steppes représentent dans ce cas des milieux proches. En sélectionnant les bonnes espèces de graminées pour la pelouse et en effectuant un apport modéré de minéraux, il est possible d’obtenir des terrains résistants et respectueux de l’environnement.
Pour en savoir plus sur le LAMS, laboratoire d’analyses microbiologiques des sols, rendez-vous sur https://lams-21.com. Découvrez aussi le livre incontournable sur la biodiversité des sols, Le sol vivant, de Jean-Michel Gobat et al, aux Presses polytechniques et universitaires romandes, et un ouvrage à destination des jeunes sur la vie du sol à travers les quatre saisons, Sous mes pieds, d’Emmanuelle Houssais, aux éditions du Ricochet.
Arthropodes : animaux invertébrés possédant un squelette externe et des pattes articulées.