Publié le 21 avril 2022
En Bourgogne-Franche-Comté, une vingtaine de lieux intégrés dans le réseau européen Natura 2000 sont consacrés aux chauves-souris.
Le réseau Natura 2000 est constitué de sites naturels qui font l’objet d’actions de préservation pour des habitats ou espèces dits « d’intérêt communautaire » du fait de leur rareté ou de leur rôle écologique. Il ne s’agit pas de mettre sous cloche, mais de favoriser la concertation et de permettre à chacun des acteurs locaux de s’approprier les enjeux de conservation du patrimoine naturel. Cette approche ouvre la possibilité pour qui le souhaite de contractualiser l’adoption de pratiques bénéfiques à la biodiversité en échange d’une indemnisation financière. La Bourgogne-Franche-Comté compte 4 sites Natura 2000 spécialement dédiés aux chauves-souris. Parmi les 29 espèces de chauves-souris connues sur la région, 9 sont considérées d’intérêt communautaire, comme le Minioptère de Schreibers ou la Barbastelle d’Europe. En danger, vulnérables ou rares, ces espèces demandent des mesures de conservation et/ou de protection.
La structuration diffère entre les deux anciennes régions. En Franche-Comté, il s’agit de 2 sites comprenant 10 cavités où souvent seul le porche est classé.
En Bourgogne, les 2 sites (coanimés avec la SHNA-OFAB*) rassemblent plusieurs entités séparées. L’un concerne des cavités, regroupant 5 entités sur 1 700 hectares ; l’autre des gîtes et habitats, avec 6 entités correspondant à près de 50 000 hectares. Le site phare s’étend sur l’Auxois entre Darcey et Sombernon. Il abrite de nombreuses colonies de reproduction et comprend beaucoup de prairies pâturées avec un maillage très dense de haies, terrain de chasse des chiroptères.
L’accent est mis sur la sensibilisation, d’abord pour faire découvrir ces animaux merveilleux encore trop souvent mal-aimés, ensuite pour expliquer l’impact des visites des grottes. En hiver, une chauve-souris va facilement être dérangée par le bruit ou le changement de température provoqués par un humain. Elle va utiliser énormément d’énergie pour se réveiller, durant environ 3 heures, et autant pour se rendormir. Cela peut causer sa mort ou son départ si les perturbations sont répétées.
En été, la panique des femelles peut entraîner la chute des petits, exposés au risque de mourir de faim au sol. Des pièges photos ont été disposés à l’intérieur de plusieurs cavités en Franche-Comté pour mieux quantifier les passages et identifier le type de visiteurs afin d’orienter les actions de sensibilisation. Une bonne connaissance de l’utilisation des cavités par les chiroptères est aussi nécessaire. Selon les cas, une grotte ne sera potentiellement visitable qu’à une certaine période de l’année, en automne, ou quelques semaines par an, ou sera mise en tranquillité avec la pose d’un périmètre grillagé.
Depuis des millions d’années, les cavités naturelles constituent un refuge autant pour l’hibernation que pour la reproduction. De plus, les chauves-souris effectuent des déplacements saisonniers entre leurs gîtes d’hiver et d’été. Une multiplicité de sites doit donc être préservée pour leur venir en aide. Le manque des gîtes est une des principales causes du déclin des chauves-souris. La seule protection des sites Natura 2000 ne saurait suffire. Chacun peut contribuer à son niveau en cohabitant avec elles lorsqu’elles s’installent dans une maison, en posant des nichoirs, par la gestion extensive des espaces verts, en maintenant des haies (leurs routes de vol), en abandonnant l’usage de produits phytosanitaires (elles sont insectivores).
Retrouvez des informations sur les actions pour les chauves-souris dans le réseau Natura 2000 de la région dans le n° 31 de la revue Bourgogne-Franche-Comté Nature et sur 3 sites web : http://37.59.50.186/chauvesouris, http://www.bourgogne-franche-comte.developpement-durable.gouv.fr/natura-2000-r2816.html et https://inpn.mnhn.fr/programme/natura2000/presentation/objectifs
CEN : Conservatoire d’espaces naturels.
SHNA-OFAB : Société d’histoire naturelle d’Autun – Observatoire de la faune sauvage de Bourgogne.